Enseignants : une maltraitance institutionnalisée

Je commence par ma dernière inspection. Les précédentes s’étaient déroulées normalement donc je n’étais pas inquiète.

Or, cette fois-ci, l’inspectrice m’a crié dessus et humiliée pendant une heure lors de l’entretien, sans que j’en comprenne la raison ; la séance s’étant bien passée. Je n’ai quasiment pas pu parler. Choquée et arrêtée 15 jours, j’ai contacté les syndicats qui m’ont majoritairement répondu que c’était malheureusement un problème systémique et qu’on n’y pouvait pas grand-chose. Le rapport de l’inspectrice a été une litanie d’accusations. Heureusement, avec le système actuel, j’ai pu y faire une réponse pour montrer ma bonne volonté et défendre mon travail. Mais j’ai bien compris (grâce à des échanges sur les réseaux sociaux) qu’il n’était pas question de dire qu’elle s’était mal comportée sous peine d’un retour de bâton.
Je constate également que les directeurs ont parfois un grand pouvoir de nuisance. La directrice d’une des écoles où je suis passée a fait partir plusieurs enseignants, plusieurs responsables du périscolaire (dont une en dépression pendant 6 mois) avec son comportement agressif ; elle a parfois maltraité les agents de service de l’école. Tout le monde le sait. Il ne se passe rien.

Chaque année, je vois passer des jeunes professeurs stagiaires qui travaillent comme des fous et qui sont pressurisés et maltraités par les personnes qui sont censées les former. Sans aucune bienveillance, on leur en demande toujours plus ; ils ne font jamais assez bien. Ils n’est pas rare qu’ils sortent en larmes des rendez-vous avec leur « conseiller pédagogique » ou « maitre formateur ».
Nous sommes en situation de maltraitance institutionnelle. À l’heure où l’on parle de bien-être à l’école et de lutte contre le harcèlement pour les enfants, le système de l’Éducation nationale reste un carcan malsain et archaïque pour les enseignants.

Ce système, c’est celui d’aujourd’hui, en 2025, et en France, pays des droits de l’Homme. Consternant.

— Primaire, 15 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.