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Nouvelle tactique de l’Éducation nationale : l’inspection comme outil d’éviction

Au printemps 2025, j’ai subi deux inspections successives. Officiellement, il s’agissait d’un « accompagnement pédagogique ». En réalité, c’était une opération punitive, avec un seul objectif : me faire taire, m’empêcher de rédiger des rapports et de demander une réaction face aux insultes et aux violences.

La deuxième inspection, le 4 juin, a eu lieu avant la fin de la période d’accompagnement, alors que j’étais en état d’épuisement émotionnel. Le rapport m’a été transmis 33 jours plus tard (au lieu des 15 jours prévus par les textes), comme un verdict déjà scellé. Quant au rapport positif et détaillé de mon tuteur, il a tout simplement été ignoré.
J’ai fourni des dizaines de preuves de mon travail : cahiers d’élèves rigoureusement structurés, cours préparés avec soin, contacts réguliers avec les familles.

Tout cela a été effacé d’un trait de plume. En revanche, l’inspectrice s’est permise des formules dévalorisantes et des jugements psychologiques infondés.

Tout au long de l’année, j’ai rédigé 45 signalements disciplinaires pour des insultes, menaces et violences.

Aucun n’a reçu de réponse. Ma demande d’aide est restée sans écho.

Et lorsque l’épuisement m’a rattrapé, cela a été retourné contre moi : « Vous ne savez pas gérer votre classe. » Je suis contractuel. Cela signifie, pour le système, n’être personne. Tant que je travaille, on ferme les yeux. Mais au moment où arrive l’échéance du CDI, je deviens soudain un « mauvais professionnel », plus facile à écarter qu’à reconnaître dans ses droits.
Je me suis retrouvé totalement sans défense face à une machine administrative. L’inspection, censée être un outil de soutien, s’est transformée en instrument d’intimidation. Toutes les preuves de mon professionnalisme ont été balayées. Ma voix n’a pas été entendue.
Aujourd’hui, je pose une question : combien d’autres enseignants contractuels devront encore subir de telles « inspections-verdicts » avant que l’on admette que ce système brise les personnes au lieu de les aider ?

— Collège public

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.