Maltraitée par les élèves, angoissée

Je suis heureuse qu’une telle association existe et prenne en main la défense des professeurs agressés dans leur fonction. J’ai moi-même enseigné il y a 6 ans dans un collège du Tarn (ZEP de Graulhet)  j’ai vu un élève de ma classe lancer une équerre en métal sur le proviseur qui quittait l’établissement, j’ai subi des heures d’angoisse, la boule au ventre en entrant dans ma classe devant les “fauves” qui m’attendaient, injures prêtes, pieds sur la table, sacs non ouverts, magnétophones ou portables allumés diffusant de la musique, j’ai dû me battre pour accéder à la classe et ouvrir la porte sans me faire agresser et rester digne lors d’une mémorable bataille de mousse à raser le dernier jour…

J’ai tenu 3 mois, la durée de mon remplacement et j’ai pris la décision de ne plus enseigner en collège ou lycée.

Après avoir obtenu mon diplôme de professeur des écoles en 2006, j’ai enseigné dans un établissement du centre de Toulouse, dans le privé. On croira ce que l’on voudra mais nous ne sommes pas plus protégés dans le privé… La directrice menait une politique d’accueil de tous les enfants “perdus” pour ne pas avoir de baisse d’effectif et fermer une classe. Le résultat était des classes dans lesquelles dès le CP (voire la GS), nous ne pouvions enseigner convenablement.

J’ai entendu un enfant de 7 ans traiter une religieuse de salope simplement parce qu’elle lui demandait ce qu’il avait fait pour avoir été sorti de sa classe ; j’ai subi des coups de la part d’un de mes élèves (10 ans) qui refusait de quitter un jeu lors d’une récréation, alors qu’il insultait tous ses camarades, ainsi que des menaces de mort et des insultes, j’ai dû faire face à un élève qui refusait systématiquement de monter en classe et qui s’accrochait aux poteaux de la cour en donnant des coups de jambes, j’ai entendu des ferme-la, ta gueule, qu’est-ce t’as de la part d’un élève de 10 ans, en classe qui refusait de sortir ses affaires pour travailler ou un autre qui devenait hystérique et jetait toutes ses affaires en l’air dès qu’on lui demandait de se mettre au travail (à savoir écrire la date&nbsp!). Et ce en toute impunité car la directrice nous renvoyait à nos responsabilités… Il n’y a d’ailleurs pas que la violence issue des élèves à traiter, celle des membres de direction aussi, notamment tous les manques d’autorité et de fermeté de celui ou celle qui dirige l’établissement et qui se permet de soutenir les élèves en harcelant les professeurs…

Voilà, j’ai craqué au bout d’un an et demi d’enseignement et ai été mise en arrêt maladie. Puis j’ai demandé ma démission car j’aime mon métier et je ne voulais pas m’arrêter là. Je travaille actuellement en CM2 dans un établissement de la banlieue de Toulouse, un peu plus privilégié mais gagné par la violence aussi, notamment de la part des parents qui se pensent au-dessus de toutes les lois (et n’éduquent plus leurs enfants à la frustration et aux limites…) et viennent jusque dans nos classes pour nous insulter parce qu’on a sanctionné leur enfant pour avoir voulu étrangler un autre élève, insulter un adulte, casser une vitre avec des balles dures…Ils nous demandent de changer de pédagogie parce que leur enfant est “démotivé”. Où va-t-on ?

— Collège

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.