Tyrannisé et découragé par les élèves

J’enseigne les Maths dans un collège non ZEP des alpes maritimes. Souvent les parents et plus généralement le public ne se rendent pas compte de ce qui se passe dans les classes.

Celles-ci sont généralement très hétérogènes et génératrices de violence, le nivellement par le bas est très important, il y a présence de perturbateurs qui viennent sans leurs affaires et vous empêchent de faire votre métier : faire cours et transmettre un savoir.

Les bons élèves ne peuvent pas suivre, ils sont de moins en moins nombreux car les parents les mettent dans le privé, qui lui est surchargé. Les élèves moyens sont vite découragés et se laissent aller, ils sont de moins en moins nombreux. Vous faites cours et gérez tant bien que mal la discipline : calmer les élèves à l’entrée en classe, vérifier le travail (qui n’est jamais fait), faire cesser les bavardages qui sont de plus en plus diffus à mesure qu’on avance dans la journée, gérer les conflits entre élèves…

Il est de plus en plus difficile d’intéresser les élèves à une tâche qui de toute façon se révèle trop ardus pour eux qui n’ont jamais fourni de travail approfondi et souffrent de bases défaillantes (comment comprendre un énoncé de Maths quand on ne sait pas lire, pas comprendre le sens du mot, comment le résoudre quand une simple division 4:2 pose problème ?).

Quand vous demandez à un élève de se taire, il vous répond : j’ai rien fait, C’est pas moi. Quand vous exigez qu’il vous donne son carnet il vous répond qu’il ne l’a pas. Quand vous voulez mettre une heure de colle il n’y a plus de place disponible dans le carnet car ils sont limités à 10 par an et bien souvent, l’élève ne vient pas. Quand vous rédigez un rapport, la famille vient contester et l’élève considérant que vous ne l’aimez pas se venge dans votre cours en vous ulcérant. Vous passez votre temps à mettre des punitions dans les Espaces numériques de travail mais les parents ne prennent pas la peine de regarder.

Bref, tout ceci mène à une situation ingérable d’autant plus qu’on avance dans l’année. Avec les beaux jours, les élèves qui viennent en sandale et avec un sac de plage au lieu d’un sac à main ne veulent plus travailler (déjà qu’ils ne travaillent pas beaucoup le reste de l’année).

Vous faites donc de la garderie. Le pire c’est qu’il n’y a pas vraiment de solidarité avec les collègues, certains collègues démago achètent la paix dans leur classe, achètent leurs élèves et prétendent que tout va bien qu’ils gèrent alors qu’en fait non, vous faisant du coup culpabiliser.

Tout ceci mène à la fabrication d’élèves tyrans qui ne respectent plus rien et se croient tout permis. La situation explosive qui règne dans certains établissement est très préoccupantes.

Comme le disait la maxime d’un célèbre film sur la banlieue : ce n’est pas la chute la plus dure, c’est l’atterrissage je souhaite à tous mes collègues la meilleure fin d’année possible.

— Collège, 5 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.