À deux doigts d’être massacré

En avril dernier et en classe de terminale BEP. Un quart d’heure après la sonnerie, assis derrière mon bureau (ce qui est rare) je refuse calmement l’entrée en cours d’un élève de 18 ans – bien Français d’origine – assez costaud toujours agité et perpétuellement en retard.

Il insiste lourdement, rentre poser ses affaires et, devant mon refus, vient m’apostropher, m’insulter et gesticuler devant moi qui suis assis, coincé sur ma chaise entre le bureau et le tableau. Il balaie mes affaires d’un revers de bras ; impossible de me défendre et je risque une grêle de coups ; et quand bien même pourrais-je le frapper pour me dégager (j’ai un peu pratiqué les sports de combat), j’imagine l’image déplorable de la situation et je sais par avance que je serais mis en tort. Je reste donc calme, je mets rapidement mais sans précipitation mes affaires dans ma sacoche, je me lève tranquillement sans rien laisser paraître, je fais avertir le bureau de la Vie Scolaire, je déclare le cours terminé et je quitte la pièce déclarant que je ne peux pas enseigner dans cette ambiance.

Les élèves qui m’aiment bien sont consternés mais aucun ne bronche pour calmer l’excité qui fait finalement peur à tout le monde. Je me rends à l’infirmerie, je rédige un rapport sur l’incident. Mon médecin m’accorde un arrêt de travail de 48 h. Je dépose plainte à la police nationale. Puis, aucune nouvelle. L’élève perturbé sera exclu de mes cours mais pas du lycée; je le croiserai encore dans les couloirs mais il m’évitera.

Mes collègues qui le connaissaient déjà pour des aventures de ce type sont scandalisés. Il semblerait qu’il ait subi un traumatisme crânien étant jeune et qu’il n’aurait aucun équilibre psychologique ; c’est pourquoi il est relativement “intouchable” ! C’est sa mère qui l’élève seule.

A part le choc émotif, il n’y a pas eu plus de conséquences grâce à mon calme mais j’étais à deux doigts de me faire “massacrer” gratuitement ; il ne bluffait pas et il s’en était déjà pris à moi verbalement, à la différence que j’étais alors debout et en position pour le voir arriver. Il y aurait bien d’autres cas à raconter, y compris celui du proviseur agressé à son bureau et victime d’un jet de projectile à la grille, un jour de blocage du lycée.

— Lycée, plus de 30 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.