Je suis enseignant en lycée professionnel depuis 2002, après 17 années d’expérience professionnelle dans la banque. Je suis âgé de 45 ans et père de trois enfants.
En mai 2008, 8 élèves sur 16 d’une classe de première ont adressé un courrier à la direction du lycée professionnel où je travaille en disant les choses suivantes :
- le programme n’est pas respecté ;
- les chaussures de ce professeur ne sont pas belles ;
- il fait des fautes d’orthographe.
Ils se sont présentés au bureau de la direction avec des parents d’élèves pour se plaindre. Ils ont indiqué que je les avais insultés et menacés par téléphone. La direction a demandé à l’inspecteur académique de me rencontrer et un entretien “musclé” d’environ deux heures s’est déroulé. J’avais le sentiment que l’on cherchait à trouver des erreurs, mais rien ! Je n’ai donc plus suivi cette classe en terminale et l’on m’a confié des classes de FICAP (qui ne plaisaient pas). La direction ne m’a soutenu en aucune manière (emploi du temps exécrable, classe difficile, plus aucune responsabilité de professeur principal), seuls certains collègues me soutenaient. J’ai été et je suis encore profondément choqué par cette affaire.
Encore aujourd’hui, je redoute les remarques des élèves. L’ambiance au sein du lycée : les élèves sont de plus en plus agressifs et exigeants, ils bénéficient du soutien des responsables scolaires, les enseignants se sentent seuls. Actuellement, je me fais régulièrement agresser verbalement par certains élèves, la direction nous conseille de ne pas envoyer les chahuteurs en permanence pour ne pas donner trop de travail au personnel de surveillance.
J’ai consacré beaucoup d’énergie pour devenir enseignant, métier que je considérais noble, je suis extrêmement déçu et choqué. Nous bénéficions de peu de reconnaissance, de soutien, de formation, de crédit.
Lorsque j’évoque le métier, j’ai presque honte de le nommer.
— Lycée, 9 ans d’ancienneté