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Insultée à plusieurs reprise, la direction, la CPE m’abandonne

Ancienne enseignante de lettres modernes, formée et certifiée à la Sorbonne Paris 3 depuis 2017, je me suis tournée vers ce métier de l’enseignement dans le privé catholique par passion des lettres françaises, passion de la transmission, amour des jeunes et amour du Christ.

Je n’exerce plus depuis mars 2023, avec soulagement, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, mes difficultés furent liées à la formation reçue à l’ESPE de Paris : injonctions contradictoires, idéologie pédagogique déconstructiviste, nous devions faire faire aux élèves, faire apprendre et non transmettre un savoir, nous avions peu de ressources sur la gestion de classe, beaucoup de psychologie de l’enfant, beaucoup de propositions ludiques, numériques et interdisciplinaires pour divertir les élèves.
Ensuite, j’ai éprouvé des difficultés d’ordre disciplinaire, en Loire-Atlantique. Ne me sentant pas maître et légitime de donner des sanctions face à des irrespects (bavardages, non réalisation de tâches, déplacement dans la classe, réponses irrévérencieuses à l’adulte, harcèlement par des questions, refus d’obtempérer…), comme me l’avait transmis mon école de formation à l’ESPE, puis comme nous l’exigeait nos directeurs, les professeurs principaux, les violences se sont progressivement accrues jusqu’à des insultes.

En 2020, j’ai été insultée après l’exécution d’une dictée par un élève, j’ai reçu une lettre d’excuse un mois et demie après. En 2022, j’ai fait part au directeur, au CPE et au professeur principal d’une difficulté avec une élève, jusqu’à être insultée. Le directeur du collège, celui de la structure ainsi que la CPE m’ont bien fait comprendre que j’étais seule face à mes élèves, et que je devais gérer ce problème et que l’exclusion de la classe n’était pas un moyen pédagogique.

En 2022, j’ai fait face à des difficultés relevant d’un conception de la laïcité laïcarde : mon directeur m’a fait part de critiques provenant de parents d’élèves.

Selon ses dires, mon enseignement n’était pas neutre puisque j’abordais les héros du Moyen-Âge, les chevaliers chrétiens, puis faisais intervenir le prêtre de la paroisse ancien professeur d’histoire pour différentes thématiques en lien avec le programme, l’aventurier dans la bible, le chevalier chrétien et ses vertus chevaleresques. En tant que professeur de lettres, je n’ai pas été soutenue dans la transmission de notre culture occidentale.
De plus, être catholique dans ces collèges catholiques était mal vu, beaucoup de collègues ne vivaient pas le peu d’activités proposées avec la pastorale par peur d’être jugé et j’ai moi-même éprouvé cette gêne.
Ne me sentant pas soutenue, reconnue, appréciée comme enseignante et comme catholique dans cet établissement, puis marquée par les accidents mortels réservés aux professeurs en France, la peur voire la terreur a pris le dessus, je n’ai pas réussi à revenir et je ne veux plus subir cet état.

— Collège, 5 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.