Je suis enseignante dans un collège à Saint Denis.
Alors que j’étais entrain d’écrire la consigne au tableau lors d’un cours en classe de 4ème, j’ai reçu un œuf sur le bras. Il est venu s’éclater contre moi à ma grande stupeur. L’un de mes élèves avait prémédité les faits en prenant un œuf chez lui et en forçant un autre à me le lancer sous menace d’être frappé par ses copains dans la cité.
J’ai déposé une main courante. J’ai préféré ne pas porter plainte étant donné que l’élève ayant lancé l’œuf n’était pas l’auteur de l’acte. Un mois plus tard l’élève qui m’a lancé l’œuf a changé d’établissement. Il ne s’agissait pas d’un élève à problème, bien au contraire mais il était devenu impossible pour lui de continuer à étudier alors qu’il continuait de se sentir menacé (puisqu’il avait tout avoué et dénoncé l’instigateur).
C’est incroyable quelle moyen de pression psychologique les élèves peuvent-ils exercer les uns sur les autres. Cette violence est présente tout le temps. Le collège est devenu un microcosme de la cité où règne la loi du plus fort et la loi du silence car celui qui dénonce (qui “balance” selon le vocabulaire utilisé) est un traître et donc sera victime de représailles.
Le manque de respect des élèves envers les professeurs est quotidien, des insultes aux actes déplacés (tel que renverser toutes les affaires personnelles du bureau du professeur au sol par exemple)… L’humiliation se banalise.
Que faire lorsque qu’on supprime des postes et qu’on augmente les effectifs dans les classes alors que nous aurions besoin de beaucoup plus de moyens pour lutter contre ces agressions physiques et verbales, pour faire un véritable travail éducatif avec ces élèves en manque de repères ?
— Collège, 1 an d’ancienneté