Accusé d’exhibitionnisme

Je suis remplaçant depuis la rentrée 2020. Je devais remplacer une titulaire de secteur et ainsi intervenir dans quatre classes maternelles différentes tout au long de la semaine afin de compléter des temps partiels ou décharger des directeurs.

Au mois de septembre, une famille d’une élève de grande section d’une école classée en REP a demandé à être reçue par la directrice, à 13 h 30, sans ma présence. Les parents, que je ne connais pas, m’ont accusé de m’être déshabillé (pantalon et slip) le matin même devant l’ensemble de la classe à l’heure où l’ATSEM était partie s’occuper de la cantine.

Lorsque ma directrice m’a averti de cela, nous avons contacté notre IEN. Il a été décidé que la directrice devait immédiatement prendre les témoignages des élèves au cours de l’après-midi, afin d’éviter que leurs déclarations soient perverties par d’éventuelles rumeurs. Elle leur a donc demandé, par petits groupes, accompagnée d’une ATSEM, de parler de ce qu’ils avaient fait ou vu au cours de la matinée comme on peut le faire pour un atelier de langage. Évidemment, aucun enfant n’a fait état des faits reprochés.

Le soir même, l’IEN m’a déclaré que je serais suspendu dès le lendemain matin et que je devais me rendre à l’Inspection d’académie.

L’IA adjointe qui m’a reçu m’a affirmé que cette suspension était pour me protéger.

Après le dépôt de plainte des parents, deux jours plus tard, la gendarmerie a mené une enquête auprès des parents et de ma directrice. Cette dernière m’a appris qu’aucun parent n’avait été alerté de quoi que ce soit par les enfants. Le gendarme en charge de l’enquête m’a contacté par téléphone pour me dire qu’il devrait m’interroger mais n’avait pas de créneau pour cela. Ce même jour, mon IEN m’a contacté pour me dire que l’IA avait fait une saisine auprès du procureur de la République car rien ne corroborait les propos des parents et qu’il craignait des violences au sein de la famille.

Depuis ce jour, soit sept semaines, je n’ai aucune nouvelle de l’administration, ni de la gendarmerie, ma suspension peut aller jusqu’à quatre mois, avec traitement, heureusement.

J’ai bien entendu eu le soutien de tous mes collègues et je ne cache pas cette histoire autour de moi (amis, voisins, collègues, anciens parents d’élèves que je croise…) et je reçois beaucoup de soutien. Heureusement que j’ai de l’ancienneté et un réseau de connaissances soutenant, mais je n’ose imaginer comment j’aurais pu vivre cette situation si j’avais été jeune enseignant, isolé, dans une classe unique par exemple.

PS : Les parents ont déposé leur fille à l’école le lendemain comme si de rien était, alors qu’ils avaient annoncé qu’elle ne reviendrait plus.

—  Primaire, 16 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.