Agressions verbales et aucun soutien

Professeure principale de troisième depuis douze ans, je viens de me faire agresser verbalement par des parents.
Le motif : j’aurais harcelé leur fils et l’aurais condamné à la voie professionnelle.

Ces propos sont de la pure diffamation émanant d’une famille dans le déni total de qui est véritablement leur fils. L’enfant en question s’est fait remarquer dès le jour de la rentrée, il est connu pour ses difficultés scolaires et d’attention, reconnues sur le plan médical.

J’ai donc rencontré une première fois la maman pour évoquer l’aménagement des épreuves du DNB et amorcé une réflexion sur l’orientation. Cette maman m’a tenu des propos incohérents, se contredisant, contredisant les recommandations médicales… Il a été difficile de rester avec cette personne sur le terrain strictement scolaire.

L’enfant en question est pénible : il a des mots dans le carnet, il s’est fait exclure de cours, il tient tête aux enseignants, se fait remarquer dans la classe en faisant le pitre… Toute l’équipe pédagogique s’en plaint, et malheureusement ce jeune homme est bien connu dans l’établissement.

Il a été convenu en équipe de revoir la famille, en présence de la direction, afin de trouver des solutions et accompagner cet enfant.
Le jour J, après les vacances de Toussaint, les parents sont arrivés les points faits. Pendant quarante-cinq minutes, en présence du chef d’établissement et d’autres collègues présents, j’ai subi l’agression verbale de cette famille, sans que celle-ci ne soit interrompue. Je suis partie bouleversée en classe.

Dès le lendemain, alors que j’avais la boule au ventre de retourner au collège, j’ai demandé que l’élève soit changé de classe : puisqu’il était si mal, puisque l’équipe était incompétente à l’accompagner (apparemment trop professionnelle : car oui, il m’a été reproché d’avoir assuré ma mission !), puisque la terre entière ne comprenait pas cet angelot, ce pouvait être une solution d’apaisement, du gagnant-gagnant. J’aurais pu reprendre une activité avec cette classe (même si le choc psychologique a besoin d’être soigné) et ne pas me sentir observée par cet enfant qui déforme les propos et les rapporte comme cela l’arrange à ses parents.

Plus de trois semaines après, je dois défendre mon arrêt de travail pour accident de travail, le chef d’établissement m’a avoué que la famille avait eu l’intention de porter plainte contre moi (je suis allée à une réunion pour trouver des solutions, sans avoir les réelles intentions de la famille) et a reconnu que les parents étaient allés beaucoup trop loin, mais a demandé à la famille si elle acceptait que leur fils soit changé de classe ! Et la famille a dit que leur fils allait beaucoup mieux !

Donc, la famille m’a agressée, je dois me reconstruire, mais c’est encore la famille qui décide et le chef d’établissement qui refuse de prendre ses responsabilités et de reconnaître ses torts. La situation est devenue ubuesque, tout cela pour de l’ego mal placé.

On pénalise d’autres élèves qui veulent travailler, tout cela pour un casse-pieds mal élevé, dont les parents nient les difficultés scolaires et préfèrent tenir pour responsables l’institution. Et ces mêmes parents se contredisent : si leur enfant était si mal, pourquoi avoir refusé le changement de classe ?

Je suis en colère, je ne dors plus depuis plus de trois semaines, et ne vois pas comment reprendre une activité professionnelle sereine, un rythme de vie normal. Je souhaite me réveiller de ce mauvais rêve qui m’impacte, mais impacte aussi mes propres enfants et mon mari.

—  Enseignant au collège, 19 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.