Institutrice passionnée par mon métier auprès de jeunes enfants en maternelle, j’ai été en épuisement professionnel en 2015 suite à la suppression de postes d’Atsem par la commune et à la mise en place de la semaine de quatre jours et demi.
Dans une lettre, j’ai alerté ma hiérarchie et les services de prévention sur l’épuisement qui nous guettait dans l’école et les tensions qui s’installaient entre nous, mais je n’ai eu aucune réponse. Mon syndicat est intervenu, mais le CHSCT ne s’est déplacé qu’un an plus tard et ne s’est préoccupé que des problèmes d’entretien des locaux.
Malgré des conditions de travail dégradées, j’ai continué à mettre en place des projets pédagogiques avec mes collègues mais aussi avec les parents d’élèves jusqu’à ce que ma directrice s’oppose à l’un de ces projets sous couvert d’une circulaire transmise par notre inspectrice mais qui ne concernait pas le projet en question. Cette « collègue », qui a toujours été en conflit avec une personne sur l’école (employé de mairie ou enseignant) s’est acharnée sur moi jusqu’à manipuler des collègues puis la hiérarchie.
Surmenée, puis victime d’un accident de travail, j’ai signalé mes souffrances à la médecine de prévention et j’ai demandé une médiation, en vain.
La situation a tourné au harcèlement moral, jusqu’à ce que je sois incapable de me rendre à l’école et j’ai été plusieurs fois en arrêt maladie sans que cela n’inquiète les collègues malgré mes courriels, ni l’administration bien au contraire puisqu’il y a eu des échanges de mails, des écrits de la hiérarchie et des rapports du médecin de prévention puis d’experts, tous à charge contre moi.
Suite à l’aggravation de l’attitude de ma directrice et à la découverte d’une vidéo dans laquelle on la voit fouiller dans mes affaires et me voler de l’argent personnel et de la coopérative, j’ai porté plainte et j’ai été placée en arrêt maladie avec une ITT de dix jours, toujours sans soutien de mon administration.
Ma directrice a été convoquée dix-huit jours après ma plainte, mais elle s’est suicidée avant de se rendre à la gendarmerie.
Suite à ce drame, j’ai été isolée, ostracisée et même accablée par ma hiérarchie, et stigmatisée par certaines personnes incapables de croire que j’étais victime de harcèlement, qui ne savent toujours pas que j’ai été volée pendant deux années scolaires par une directrice malade.
Peu de gens savent que j’ai, à plusieurs reprises, envisagé de mettre fin à mes jours.
Aujourd’hui, trois ans après tant de souffrances et un drame qui me marque à jamais, l’omerta institutionnelle plane toujours sur cette affaire et je ne suis toujours pas réhabilitée dans mon honneur. Si je continue à travailler, toujours dans la même école à côté de chez moi (je précise que je suis handicapée), c’est seulement grâce à mes collègues et le soutien des parents d’élèves. Je viens seulement d’arrêter le traitement antidépresseur après plusieurs rechutes liées aux conditions de travail, à l’attitude de ma hiérarchie et du médecin de prévention, et je suis en procédure au TA pour faire reconnaître l’origine professionnelle de tous mes problèmes de santé.
Je reproche à certains responsables de l’Éducation nationale leur manque d’attention, d’écoute, de soutien, de professionnalisme, leur inertie ou au contraire leurs jugements hâtifs sans prendre les moyens d’analyser la situation sur le terrain, leur subjectivité puis leur mauvaise foi, incapables qu’ils sont de reconnaître leurs erreurs jusqu’à faire porter la faute sur les victimes de souffrances au travail… C’est honteux, grave et indigne d’une institution qui gère des personnes exerçant auprès d’enfants tout en leur demandant d’être irréprochables.
Enseigner est-il encore le plus beau métier du monde ?
— École maternelle