J’ai voulu bien faire. J’ai tout donné et pourtant…
Je suis tellement en colère.
Je ne pensais pas, il y a deux ans, que je me retrouverai dans cet état aujourd’hui.
Épuisée et éteinte.
Je me suis lancée dans l’aventure pour les enfants.
Parce qu’ils sont l’espoir d’un avenir meilleur.
Parce qu’ils ont besoin des adultes pour grandir.
Parce qu’ils ont besoin de rêver, et nous aussi.
Parce que j’aime plus que tout transmettre.
Parce que je te faisais confiance.
Éducation nationale
Tu m’as tellement déçue.
J’ai tout fait pour réussir, je me suis donnée, je t’ai tout donné, à m’en oublier.
Je dois gérer des enfants en souffrance et qui pourtant ont tellement besoin d’aide.
Ce sont des enfants intelligents et qui ont envie d’apprendre. Ils sont curieux, dynamiques et plein d’envie. Ils sont attachants.
Ils ont des troubles de l’attention, sont hyperactifs, autistes, dyslexiques, asthmatiques, anxieux, HPI, en retard, en avance.
Ce sont des enfants uniques, que l’on doit accompagner dans leur singularité.
Seule, je suis seule face à ces enfants en souffrance.
Je dois tout gérer, le cadre, le respect des uns envers les autres, les apprentissages, les petits et gros bobos, régler les conflits, écouter, soigner, encourager, recadrer.
Assumer toutes mes responsabilités.
Accepter les plaintes des parents.
Et prendre la décision d’oublier des élèves, de les laisser sur le banc, car « on ne pourra rien pour eux ».
Comment ?
Éducation nationale
Le désenchantement est immense.
Tu m’as dis d’apprendre à mettre mes émotions de côté
D’agir avec ma raison plutôt qu’avec mon cœur.
Tu m’a dis que je suis trop sensible pour ce métier
Trop gentille
Trop souriante
Pas assez forte
Pas assez courageuse.
Éducation nationale
Je ne sais pas si tu te réveilleras un jour
Si tu comprendras la souffrance dans laquelle tu me plonges
Et si un jour tu oses ouvrir les yeux
Te confronter à la réalité
Ce sera sans moi.
Éducation nationale
Tu m’as rendue malade
Tu m’as tellement fait pleurer
Je t’en veux, si tu savais comme je t’en veux
De m’avoir entraînée dans cette spirale infernale. D’épuisement et de colère.
De désenchantement et d’impuissance.
Éducation nationale
Tu m’auras permis de grandir
Tu m’auras au moins permis de savoir que je ne pourrai plus jamais travailler pour toi.
Tu m’auras permis d’ouvrir les yeux sur la réalité de l’Éducation.
J’aurais préféré ne jamais les ouvrir et rester dans l’insouciance et l’innocence.
Je ne peux pas rester, mentir et accepter cette sournoise vérité. Il est grand temps qu’on s’oppose.
C’est terminé.
Éducation nationale
Je souhaite qu’un jour tu puisses redresser ta voile
Pour enfin, changer de cap.
Vers l’optimisme.
— Primaire, 2 ans d’ancienneté