Enseignants démunis

Des années d’enseignements en élémentaire et en maternelle dans des conditions agréables avec, de temps en temps, un enfant difficile mais gérable en classe.
Puis, les réformes…

Depuis la loi sur l’inclusion, certaines années nous ne pouvons pas faire classe.
Les enfants en situation de handicap ont le droit d’être accompagnés d’une AESH ( personne qui aide à leur inclusion).
Dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas.
Il nous arrive d’avoir, sans AESH, des enfants qui hurlent, font leurs besoins sur eux, avalent des cailloux en cours de récréation, lapent des flaques d’eau, grimpent sur les meubles de la classe, s’enfuient de la classe et monopolisent toute l’énergie des enseignants les empêchant de s’occuper du reste de la classe qui se retrouve donc en garderie.

Je suis depuis 10 ans dans la même école ( maternelle) et deux de mes collègues ont fait un burn-out sévère suite à ces situations.

Cependant ces enfants lourdement handicapés, mais pas agressifs, sont un moindre mal.

Il y a pire. Bien pire. Il y a les troubles du comportement.

Alors que les enfants autistes ont des parents encore plus démunis et malheureux que nous, les enfants avec des troubles du comportements ont, en plus, des parents agressifs et procéduriers.
Il y a deux ans, nous avons eu un enfant avec des troubles de la conduite très importants. Une bête féroce qui agressait les autres enfants, les jetait par terre, les piétinait, les insultait, les mordait. Toute la classe était terrorisée. Les enfants pleuraient le matin et s’accrochaient à leurs parents. Nous avons donc décidé de faire passer cet enfant de classe en classe avec une ATSEM pour le garder.
Le calme est revenu à l’école. Par contre, notre psychologue scolaire a trouvé que nous manquions de bienveillance et de bonnes pratiques pour gérer ” la difficulté scolaire”.

La suite de l’histoire… Le gamin a mis à feu et à sang l’école élémentaire. Le CP d’abord, le CE1 ensuite. La mairie l’a exclu de la cantine et du CLAE parce que la mairie n’a pas envie d’exposer les autres enfants à des blessures graves.

Mais l’école élémentaire, sans ATSEM et sans AESH, se le garde. Le pauvre chéri a le droit à son éducation contrairement à l’ensemble des autre enfants qui ont juste le droit de se faire taper dessus et d’être terrorisés.

Je suis en fin de carrière donc je tiens bon. Je suis simplement très inquiète pour l’école de mes petits-enfants. Mais mes jeunes collègues pensent toutes à changer de métiers et se renseignent sérieusement.

Ce sont toutes des enseignantes très compétentes et très investies. Quel dommage…

— Primaire, 30 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage n’autorise pas la reprise de ce témoignage par la presse.