Je suis professeur des écoles et contrairement à ce que l’on croit la violence est présente dans les établissements dès le plus jeune âge. En 2006-2007, j’avais une classe de CE1 dans un établissement du 13e arrondissement de Paris. En mai 2007, j’ai été victime de coups de poings portés par l’un de mes élèves à la récréation. J’étais intervenue alors que mon élève frappait une petite fille. Il s’est ensuite déchaîné sur moi. Suite à cet “accident du travail”, j’ai déposé plainte et ai eu 10 puis 60 jours d’arrêt.
Médicalement, cette histoire a été un véritable parcours du combattant car des complications sont survenues au fur et à mesure des mois : entorse au poignet droit, ténosynovite, trait de fracture, suspicion d’algo-neuro-dystrophie, dystésies des doigts, paralysie du bras. Je n’ai toujours pas retrouvé l’usage complet de ma main. Un pseudo contrat a été rédigé par le directeur, pour prouver à l’inspecteur qu’il ne laissait pas la situation se dégrader dans son école. Il devait aider l’enfant à “gérer sa violence”. Je devais consigner tout changement de comportement entre “l’accident” et la fin d’année.
Dès que je faisais mention d’un acte de violence à mon égard ou à l’égard d’un camarade, mon directeur affirmait que je devais prendre de la distance et que j’évaluais mal les choses car je n’avais pas d’enfant. Le silence régnait lorsque j’entrais en salle des maîtres et pourtant je continuais d’enseigner malgré mon bras en écharpe, puis dans le plâtre. Mes élèves qui avaient assisté à la scène en étaient traumatisés. D’autant que les violences de cet élève avaient été croissantes tout au long de l’année (élève poussé dans les escaliers, lunettes cassées, tables jetées en classe…) et les années précédentes.
Rien n’avait jamais été fait. Il ne fallait pas en parler. Encore moins croire que j’étais dans mon bon droit, qu’en tant qu’enseignante et que citoyenne, je ne méritais pas un tel traitement. Ma plainte a été classée sans suite vu l’âge de mon élève.
A la suite de la notification du juge, j’ai reçu par huissier de justice une citation directe. Les parents m’attaquaient, avec l’aide de lettres du directeur et d’anciens collègues (j’avais changé d’école) pour dénonciation calomnieuse. Les parents exigeaient 10 000 euros de dommages et intérêts. Ils affirmaient que leur fils ne m’avait pas touchée et que j’avais une fragilité antérieure au poignet. Ce qui est d’autant plus étrange que j’avais pris le temps de les recevoir pour leur expliquer ce qui s’était passé. Un collègue et mon directeur étaient présents lors de l’entretien. Je suis passée au tribunal correctionnel en janvier 2009, puis octobre 2009.
Une humiliation de plus… J’en suis à plus de 16 000 euros de frais d’avocat.
— Primaire