Je suis harcelée par mes élèves

Je suis professeur de lettres modernes. Je suis en tout début de carrière. J’aime mon métier, mes collègues et mes élèves. Mais je craque.

Pendant mon année de stage, j’ai survécu dans des conditions aux limites de l’humain. Je faisais la route entre ma résidence, mon lieu d’enseignement et ma formation. Je traversais toutes les semaines la Nouvelle-Aquitaine et je dormais dans un internat minable où je restais habillée, car je crevais de froid. À cause de la route et de la charge de boulot, on dira que mes nuits les plus longues faisaient 4h00. J’ai surveillé le bac en traversant la France (Paris – les Landes) en bus en plein déménagement. Je n’avais pas un rond et j’ai à peine mangé pendant les surveillances.
Mon établissement aurait pu avoir l’obligeance de me dispenser… mais non ! Et j’ai demandé.

Par la suite, je me suis retrouvée TZR dans le 93. J’étais contente d’être dans le 93 et je me suis dit que j’allais apprendre plein de choses. Par chance, je suis tombée sur un établissement avec une équipe formidable.

Tout va bien. Plutôt contente… mais une classe dégénère et je suis la seule à me plaindre. On m’écoute et on m’observe dans certains cours, car j’ai des élèves avec une AESH.

Je tiens mes objectifs personnels de progression, je découvre des niveaux et je me donne. Je ne lâche rien et ça paie.

Mais cette classe de 5ème est pénible et va même aller jusqu’à m’accuser de discrimination. Même certains bons élèves que je protégeais des bêtises des autres commencent à se plaindre à la professeur principale. Je m’effondre.

Je donne tout, j’ai envie de bien faire et je suis attaquée sur tous les fronts. Soutien des collègues qui tentent d’aider. Les élèves continuent. Rien n’y fait. Je crois être sortie une fois de mes gonds comme jamais, avoir fait une crise d’angoisse devant eux et ne plus vouloir y aller. Ils tiennent bon et m’accusent de tout. Je me fais même insulter par des familles. Je suis à la dérive.

J’aime mon métier et j’investis toute mon énergie dedans. Mes élèves me l’ont toujours rendu. Mais aujourd’hui, je réfléchis à me mettre en arrêt, à consulter, à démissionner, car visiblement je ne suis bonne à rien. Et pourtant, au cours de mes 4 visites / inspections en stage, je n’ai jamais eu la moindre critique sur mon comportement. Au contraire.

J’aimerais tellement ne jamais avoir rencontré cette classe. Pour la première fois de ma vie, je pense que le monde se porterait bien mieux sans moi.

— Collège, 2 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.