L’année passée, étant de nationalité suisse, j’ai enseigné dans un établissement suisse proche de la frontière française.
Le premier jour où je suis arrivé, les collègues, qui devaient collaborer avec moi et me transmettre comment on enseignait dans cet établissement, refusaient de communiquer avec moi. Ainsi, j’ai dû construire mon cours par moi-même.
Comme cela ne plaisait pas à une partie de mes élèves, l’un d’entre eux transmettait régulièrement à ses parents tout ce que je faisais au cours. Cet élève était insolent, raciste et me crachait à la figure, malgré mes plaintes auprès de ma hiérarchie et de ses parents.
Ses parents sont apparemment enseignants et ont apparemment une meilleure expérience que moi. Ils photocopiaient tout ce que je faisais en classe, cherchaient les erreurs, fautes d’orthographe, etc. et toutes les deux semaines, ils transmettaient tout cela derrière mon dos à mes supérieurs.
Ils rassemblaient tous les autres parents d’élèves pour rédiger des pétitions contre moi.
Dans leurs messages, ils disaient que si je ne partais pas de l’établissement, ils écriraient directement au ministre de l’Éducation pour qu’il me licencie directement. J’ai subi ce type de pression pendant une année.
Au début de l’année scolaire, quand j’ai rencontré une partie des parents d’élèves, ceux-ci m’insultaient devant mes collègues. Je l’ai signalé à ma hiérarchie régulièrement au début de l’année, mais ils ne m’ont pas répondu.
Quand j’ai rencontré ma hiérarchie, ils me riaient au nez en disant que même si j’étais engagé, les conditions de travail de cet établissement étaient tellement terribles, que selon eux, je finirais par me suicider ou dans un asile de fous.
Ils m’ont aussi répété qu’après avoir travaillé dans cet établissement, plus aucun employeur ne voudrait m’employer de ma vie.
Un jour, un de mes élèves se tordait de douleur. Je l’ai donc emmené pendant une pause. Je voulus appeler sa mère pour pouvoir l’envoyer à la maison. Alors que je m’apprêtais à le faire, une personne de ma hiérarchie m’est tombée dessus. Il m’a hurlé dessus en me disant que je ne comprenais pas bien le règlement de l’école, que l’élève devait retourner en classe et qu’il était très cher d’envoyer l’élève à la maison.
La relation avec mes collègues était difficile, elles me disaient qu’elles étaient des femmes et des Françaises et que des hommes suisses n’étaient pas les bienvenus parmi elles. Alors que je devais leur communiquer mes problèmes avec leurs classes, elles refusaient de communiquer avec moi.
Quand je parlais de mes difficultés à venir au travail, une Française m’a dit de me taire car cela lui prenait une heure pour venir de France travailler ici et traverser la frontière et qu’elle, au moins, ne se plaignait pas. Les Français travaillant en Suisse se plaignent des salaires suisses et de devoir quitter la France et traverser la frontière pour travailler. Ils disent que les salaires suisses ne leur suffisent pas pour payer leurs pavillons avec piscine.
Un jour, je suis allé à la réunion du syndicat local. Il n’y avait que des femmes. Nous avons parlé des problèmes de sécurité et surveillance. Plusieurs ont dit qu’elles avaient demandé, il y a quelques années, du personnel surveillant pour que les élèves ne se battent pas entre eux. Le ministère de l’Éducation leur avait toujours refusé du personnel supplémentaire. Quand on m’a demandé mon avis, j’ai simplement dit qu’il fallait insister à nouveau et que nous pourrions recevoir de l’aide si l’on se faisait plus entendre. À cela, une des femmes présentes m’a répondu « ça, tu te le fous dans le cul ». La syndicaliste était présente et ricanait.
— Collège, 10 ans d’ancienneté