Manque de reconnaissance

Bonjour, voici mon témoignage.

Étant prof des écoles… j’aime mon métier, j’y consacre un temps énorme, j’investis toute mon énergie pour sans cesse me renouveler, m’adapter, je suis sans cesse en recherche de solutions… Mais, pour autant, je suis de plus en plus désemparée face à la violence à laquelle nous devons, en tant qu’enseignants, faire face au quotidien.

Bien que travaillant en milieu rural, les élèves sont de plus en plus agressifs, et ce, dès la maternelle. Nous travaillons sur la gestion des émotions, rencontrons les enfants, les familles, les professionnels partenaires tels que les psychologues… On nous demande de plus en plus de choses, c’est vrai. Nous sommes, au bout de sept semaines, complètement épuisés…

J’enseigne depuis douze ans et étant donné le climat actuel, je ne pense pas pouvoir tenir très longtemps.

Que fait l’institution ?

On doit remplir sans cesse des dossiers pour les enfants en difficultés, les parents nous demandent des comptes, nous devons gérer les conflits entre enfants, entre parents, corriger les devoirs, inventer toujours et encore de nouvelles méthodes… Je rentre chez moi le soir à dix-neuf heures, complètement sous tension. Je culpabilise de la situation, même si je n’en suis pas la cause.

Petit à petit, ma santé en pâtit.

À la maison, je ne suis pas disponible pour mes enfants car je revis les situations de violence qui ont eu lieu dans la journée. C’est très dur. Et le manque de reconnaissance est criant.

Nous sommes nombreux à nous questionner en ce moment sur le temps que nous pourrons tenir… Nous avons fait des études et nous formons toujours, sur le temps de vacances scolaires ou le mercredi. Nous n’avons aucune reconnaissance, ni au niveau de la société, ni au niveau du salaire.

Le corps enseignant va mal, très mal, vraiment.
Et l’on s’étonne de ne pas parvenir à recruter des jeunes qui veulent faire ce métier ? Je serai la première à décourager mes enfants de le pratiquer, pour les protéger. Nous sommes en souffrance, vraiment.

Combien de suicides attendre avant que de réelles mesures soient prises ?

—  Primaire, 12 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.