Témoignages mensongers contre un professeur

Je suis professeur d’EPS depuis trente et un ans. Arrivée dans l’académie de Guadeloupe depuis douze ans, j’enseigne en collège, lycée et université.

Le 28 novembre 2018, j’allais commencer mon cours dans le gymnase quand je vois des élèves d’une de mes collègues jouer au ballon en envoyant des tirs loin et fort présentant un facteur de risque pour les autres élèves. Je vais leur demander d’arrêter une fois puis une seconde fois et l’élève de première (quinze ans) me toise. La troisième fois, je lui signale que mon cours va commencer et je récupère la balle.

Il se tient alors très près de moi l’air menaçant et me dit : « Tu me casses les couilles ! » Je lui demande de se calmer, il se tourne alors vers ses camarades et leur dit : « Elle me casse les couilles. » L’élève très énervé et menaçant est alors neutralisé par ses camarades, qui l’accompagnent un peu plus loin.

Je ne me sens pas bien et en insécurité, j’appelle la vie scolaire pour qu’un surveillant descende le calmer afin que je puisse commencer ma séance.

Au bout d’un quart d’heure, ne voyant personne arriver, l’élève assis par terre entouré de ses camarades me regarde menaçant. J’appelle le secrétariat de direction pour signaler l’incident et je demande que quelqu’un vienne au gymnase calmer l’élève et l’isoler.

Le proviseur descend trente-cinq minutes plus tard… Je lui demande d’aller parler à l’élève, ce à quoi il me répond que ce n’est pas la procédure et que je dois me procurer les deux formulaires pour déclarer un rapport d’incident et un rapport d’exclusion alors que je suis en cours avec mes trente-six élèves…

Puis, il s’en va me laissant au plus mal.
L’enseignante en charge de cette élève n’est pas intervenue non plus.
Je termine mon cours tant bien que mal.

Je me rends alors dans le bureau du proviseur pour essayer de comprendre pourquoi il n’est pas intervenu. Il me dit alors qu’il a recueilli le témoignage de l’élève en question et que ce dernier dit que j’ai bousculé ma collègue !! Je ne l’ai absolument pas touchée, je lui ai demandé de calmer son élève.

Le lendemain, ma collègue, se sentant certainement en faute d’avoir laissé cette situation s’installer, porte une attelle à l’épaule !!

Pour moi, c’est l’effondrement ! Mais quels sont les enjeux de cette situation ? Qu’ai-je fait ?
J’ai demandé à un élève d’arrêter son ballon
.
Je suis perdue, je ne comprends rien et surtout une peur s’installe et une culpabilité, pourquoi ?

Je n’ai plus de discernement et je m’effondre.

Mon médecin me met en ITT deux jours suivis d’un arrêt de travail pour un mois. J’envoie un courrier en recommandé à mon proviseur pour lui dire que je veux reprendre mon travail en sécurité avec l’assurance de sa protection, je demande une réunion pour retrouver ma légitimité et comprendre pourquoi ce faux témoignage contre moi. Aucune réponse à mon courrier.

Depuis le 28 novembre, j’ai porté plainte contre ma hiérarchie et ma collègue pour non-assistance. Je suis suivie par la cellule psychologique du rectorat. J’ai déposé un dossier au service juridique du rectorat, j’ai obtenu la protection juridique, mais on m’a fait comprendre que je m’attaquais à du lourd et qu’il valait mieux demander ma mutation et me taire.

Aujourd’hui, l’agression a été reconnue par le médecin du travail, qui a déclaré un accident du travail de huit mois, soit jusqu’à la rentrée prochaine. J’ai fait une dépression, j’ai souhaité démissionner, j’ai pensé à l’irréparable…, heureusement que ma famille était là et qu’elle m’a soutenue car, depuis le début dans cette histoire, je suis la mauvaise.

Je ne sais toujours pas pourquoi tout cela ? Par jalousie, car j’ai plus de diplômes et que je suis également prof à la fac ? Je suis en train de penser à une reconversion professionnelle à cinquante-sept ans.

Si mon témoignage peut être utile à certains pour sortir du silence et de la culpabilité, c’est mon objectif. Aujourd’hui, cet incident m’a brisée professionnellement et personnellement, après un gros travail, il m’arrive encore d’en pleurer et de douter de moi.

— Enseignant au lycée, 31 ans d’ancienneté

L’auteur de ce témoignage autorise la reprise de ce témoignage par la presse.