Un burnout comme tant d’autres

Professeur de français latin depuis 1976, j’aime depuis le collège cet enseignement qui forme les esprits au-delà du pratique et du matériel, dans la connaissance intérieure de la langue. Le latin m’a aidée, indéniablement, à surmonter certaines difficultés d’expression, orale ou écrite.

Mon professeur Mme Vamvaky, pédagogue d’exception, remarquable par l’aisance et la perfection de son langage, tout autant que par sa gentillesse, m’aide à franchir quelques étapes.

Je serai professeur jusqu’au lendemain de mes 50 ans, où je m’effondre en silence, la gestion de la classe m’étant devenue impossible. Nous ne sommes pourtant qu’en 2002. Espiègleries diverses, nom de famille crié dans la cour dans mon dos, rapports de discipline innombrables… sont devenus mon quotidien. Je me sens matraquée, broyée, détruite.

La cellule réadaptation – reconversion du rectorat est alors active et bienveillante pour qui y met de la bonne volonté, je m’inscris à de multiples concours, et n’ai pas de loisirs. Mes trois dernières années se passeront dans un service d’archives, activité que j’ai choisie, qui tombait à pic par rapport aux besoins, et dans laquelle je serai heureuse.

Si j’écris tout ceci ce n’est pas pour gémir mais pour encourager tous ceux – et celles !… – qui s’apprêtent à faire le grand saut, ou ont déjà franchi le ravin de la mort. Parce qu’ils refusent d’exercer un métier qui a perdu son sens. Parce qu’ils ont besoin de se retrouver eux-mêmes et de respirer la bouffée d’air qui nous attend à la sortie de l’enfer.

Qu’ils aient confiance dans les forces de la vie, elles sont bien plus grandes qu’on ne le pense… Un jour peut-être on reviendra les chercher… parce que des écrans ne remplaceront jamais de vraies personnes et que notre jeunesse ne pourra jamais se passer d’un enseignement humain, quelles que soient les perturbations que connaît ce dernier… courage !

— Retraité Collège

L’auteur de ce témoignage n’autorise pas la reprise de ce témoignage par la presse.